Fantôme errant

Amanur errait sans but à travers les prairies enchantés des fantômes, il passa quelques jours dans une longue plaine et finalement, arriva au bout de quelques heures dans un bois touffu.
Comme la lune était à son zénith et que les alentours paraissaient obscurs, il devait évidemment faire nuit.
D'ailleurs un fantôme vit principalement la nuit, il lui arrive de vivre en plein jour, seulement quand il y a du beau temps, à cause de la lumière du Soleil. En effet, cette dernière empêche la fluorescence des fantômes d'apparaître vraiment.
Sur une planète lointaine, des histoires sont naît de cela. Celle dans lesquelles une innocente jeune fille habile au combat entend des voix et son entourage la prétend comme étant une sorcière qui parle aux esprits mais finalement lorsqu'elle fut envoyée au bûcher, elle envoya un message à Dieu qui fit savoir qu'elle était parfaitement inapte à la sorcellerie.
Il s'agissait tout simplement d'un petit malin voulant s'amuser en enfreignant les règles du code fantôme qui disent de ne pas parler aux êtres vivants sauf si c'est à son familier.
D'ailleurs en parlant de familier, revenons à Amanur, il se promenait dans la forêt remplie de cris étranges et de grincements effrayants mais il avait l’habitude d’entendre ce genre de choses. En tant que fantôme, rien ne pouvait le terrifier véritablement sauf peut –être la sauce tomate, enfin bon, nous nous éloignons, tout à coup, le silence retentit comme un coup de tonnerre, d’un seul coup.
Apres quelques secondes ainsi, un hululement lointain se fit entendre. Puis, il recommença toujours plus proche et plus doux comme une plume légère qui tournoie et qui finalement au contact de la peau la caresse.
Au loin un oiseau commença à apparaître, il se rapprochait de plus en plus d’Amanur.
Cet individu était une chouette d’apparence normal mais qui en regardant bien, possédait une queue tel à un triton ou une sirène, il avait entendu parler de cela, une créature mi-homme mi-poisson, pouvant respirer et vivre sous l’eau. Il se posa la question de savoir si un fantôme était capable de s’immerger dans la mer, il pensa à son pouvoir.

*Non, trop risqué, si je me liquéfie sous l’eau, je risque de me disperser*

Il songea à la scène qui mettrait sûrement un terme à sa vie de fantôme ou vivrai sous forme liquide toute sa vie et indéfiniment et peut-être se retrouverait-il vers le Nord où l’eau devient ou il irait dans une rivière tarie par le soleil le transformant en vapeur.
Amanur éloigna de lui toutes ces pensées et s’approcha lui aussi de l’animal.
Ce dernier vint se poser sur son épaule et commença à lire dans les pensées du transparent qui tenta désespérément à résister aux impacts psychiques de l’oiseau et finalement céda. Il reçut un message par télépathie de sa chouette. Il lui dit alors à voix haute, comment fais-tu ? Mais son compagnon lui répondit simplement ; « un animal est lié à son maître tout comme son dernier l’est aussi à son familier ».
Lorsque notre fantôme favori entendit cela, il sourit, le moment était venu à lui d’avoir un compagnon animal comme tous les magiciens. Cela le remplit de gaieté et l’incita à avancer plus vite. Arrivé à la lisière, il vit une biche apparemment sortie rentrer précipitamment dans son antre pour protéger ses petits.
Après une journée de marche où sa chouette, Minda, parlèrent (façon de parler), ils arrivèrent près d’un magnifique lac.
Il chercha son bout mais cette mer intérieure n’avait pas l’air de se terminer quelque part. Il prit quand même le temps suivre son cours et se trouva, après avoir poussé une branche d’olivier en fleurs, une barque et une jeune femme à son bord attendant patiemment on ne sait quoi.
Soudain l’inconnue se mit à parler tendrement en direction du fantôme :

« Je t’attendais Amanur Oyunoz, tu as mit du temps pour arriver là !
- Co..Comment me connaissais vous ? bafouilla-t-il
- Je connais tous sur toi,…et sur Minda aussi d’ailleurs.
- D’accord…comment fais t-on pour passer de l’autre côté.
- Je t’emmènerais sur l’autre rive au gré des flots. Aurais-tu quelque chose pour moi.
- Eh bien, pas exactement mais si je peux te donner ma confiance.
- Bien. Alors monte. »*

Amanur et Minda s’engagèrent sur le frêle bateau qui résista parfaitement au poids des passagers puisqu’il s’agissait d’une chouette, d’un fantôme et d’une très fine jeune femme.
Le voyage se passa sans encombres particulières, les vagues poussaient souvent le bateau très doucement. La brume qui planait sur l’immensité bleue ne lui donnait guère confiance.
Il firent un petit détour sur la gauche, les vagues maintenant à dos les faisaient accélérer.
Amanur ouvrit grand les yeux, ce qu’il voyait était magnifique, ses yeux regardaient une arche de pierre construite sur l’eau faite de colonne d’apparence romano-grecque.
Il s’émerveilla devant tant de beauté.
Depuis le passage de l’arche à l’arrivée, il ne cessa de penser à ce qui avait pu construire cela.
Lorsqu’ils accostèrent, le transparent remercia amplement la passeuse qui se nomma comme s’appelant Faryha, la fée de ce lac. Alors il s’inclina devant elle et après son départ se retournit et repartit à l’aventure.

Laerin était furieuse. Tout simplement furieuse. Le petit rongeur ne pouvait donc pas se tenir tranquille. Il était nécessaire qu'il s'échappe et gambade partout faisant tourner sa maîtresse en bourrique. La jeune Aera était ici depuis une demi-heure déjà, partie à la recherche de son compagnon qui lui en voulait pour lui avoir refusé un morceau de fromage supplémentaire. De temps à autre, la petite gerboise surgissait de nulle-part et grimpait sur les colonnes, agaçant au plus au point l'ange qui n'avait de cesse de se retourner au premier bruit. L'animal aurait été un tigre ou n'importe quel bestiole ne serait-ce qu'un poil plus imposant, la jeune fille n'aurait eu aucun soucis à se faire. Mais là, il s'agissait d'une souris. Une toute petite bêbête qui se faufilait sous les branches, dans les trous des pierres et sur les murs à toute allure, totalement hors d'atteinte. Il était rare que la jeune ange s'énerve autant, mais à présent, son compagnon en faisait bien trop.

-Namïya, reviens ici tout de suite vociférait-elle. Si tu ne m'obéit pas, je partirais sans toi !

Mais ses menaces ne fonctionnaient pas. Elle avait beau prendre un ton des plus agressif, l'animal ne cédait pas. Et cela risquait de durer très longtemps, sachant que nos deux protagonistes étaient aussi têtues l'une que l'autre.

-Namïya ! Arrête de faire ta tête de mule ! Tu sais pertinemment que je fait ça pour ton bien, alors cesse de m'agacer et reviens ici immédiatement !

L'ange semblait entendre de petits murmures qui couraient un peu partout autour d'elle. Le rongeur semblait lui répondre par de petits trottinements rapides et stressants qui résonnaient dans la tête de Laerin, exaspérée. Elle eu un petit grognement de colère et répéta, les dents serrées, les poings refermés et les sourcils froncés:

-Namïya... Tu m'énerves à la fin ! Je prends toujours soin de toi mais tu n'en a rien à faire ! Mais en plus tu aggraves ton cas ! Tu es extrêmement agaçante quand tu veux, tu sais ! J'en ai assez, si tu continues je m'en vais sans toi et tu n'aura qu'à te débrouiller toute seule pour trouver à manger !

Laerin avait explosée mais ce n'est pas se qui empêcha la petite gerboise de continuer de courir. Elle se percha finalement au sommet d'une colonne et s'arrêtant, fixant de ses yeux noirs le visage de l'Aera furieuse.
Un certain temps passa ainsi, l'animal et l'ange se fixant d'un regard foudroyant. Toute deux semblaient attendre quelque chose. Mais c'était Namïya la moins patiente. Voyant que Laerin ne sortait pas de sa sacoche le bout de fromage qu'elle lui avait refusé, elle se remit à courir et se réfugier toute les cinq secondes dans les petites fissures présentes dans les pierres et dans les marches de l'escalier. La colère et la lassitude de la jeune fille étaient à leurs plus hauts points. Cette dernière poussa un rugissement furieux et donna un gros coup de pied dans la colonne, laissant passer son énervement.
Mais soudain, elle se sentit observée. Ou du moins, pas seule, à cette arche. Il y avait quelqu'un d'autre. Elle mit alors ses deux mains devant sa bouche, comme si elle venait de faire une énorme bêtise. Elle regarda autour d'elle et ne vit rien, mais ce vide et ce silence n'en était que plus inquiétant. Un frisson lui parcouru l'échine et elle fit un pas en arrière. elle heurta alors une colonne. Elle poussa alors un petit cri de surprise te pû constater, soudainement rassurée, que ce n'était pas quelqu'un mais quelque chose. Elle chercha la souris du regard, mais en vain. Seul le vent de la nuit qui balançait les feuilles de lierres pendants du haut des colonnes faisaient du bruit. Laerin tremblait légèrement, tendant fébrilement sa main vers le cimeterre qu'elle avait accroché à sa ceinture, espérant ne pas avoir à s'en servir. Au bout de quelques interminables secondes passées à attendre, la jeune fille fit un pas en avant, persuadée qu'elle allait faire un bond de trente centimètres de haut au moindre petit craquement. Elle fit cinq ou six pas en avant, scrutant et l'horizon, et ce qui se trouvait à ses pieds.

-Il y a quelqu'un ? demanda-t-elle d'une voix indécise et pas vraiment convaincue de l'intelligence de cette question. Mais aucune réponse ne se fit entendre. Laerin ne savait si cela était un bon signe ou non, quoi qu'il en était, elle était persuadée qu'elle aurait été plus rassurée d'entendre un "oui", plutôt que ce silence. Finalement, elle contourna une colonne et arriva de l'autre côté de l'arche, l'arme toujours en main. Les pavés semblaient glissants et cela rendait l'atmosphère plus dérangeante encore. Laerin cru enfin entendre un bruit mais elle ne se démonta pas pour autant. Soudain, elle vit une forme très pâle, presque transparente avancer perpendiculairement à elle même. Elle plissa les yeux, tenta de mieux voir ce que c'était. Elle était accompagnée de... d'une chose étrange et elle était plutôt effrayante. Laerin avança la tête légèrement et constata avec stupeur que... C'était un homme ! Effarée, elle lâcha son arme qui provoqua un bruit métallique sur de la pierre froide et poussa un cri aigu et strident. Elle mit alors une nouvelle fois les mains devant sa bouche, quand elle vit que la créature l'avait repérée.

Amanur Oyunoz avançait tranquillement à travers les colonnes parcourues de buissons et de plantes grimpantes. De petits bruits se faisaient entendre de ci, de là, un rongeur sûrement.
Après avoir parcouru quelques mètres accompagné de Minda, sa chouette Atalante, et après avoir observé lentement autour de lui toutes sortes d'êtres qu'il n'avait encore jamais vus comme une fleur étrangement rouge, un animal rampant de tout son long en ondulant tel à une vague, il entendit un cri à sa droite, il se tourna rapidement et vit en face de lui une humaine mais ce n'était apparemment pas une humaine normale puisqu'elle possédait de magnifiques ailes blanches tel à un oiseau en position de s'envoler.
Il ne comprit pas tout de suite ce que le cri signifiait, à son intonation, il devinait qu'elle avait pris peur en l'ayant vu, cela dit c'était aussi assez effrayant pour lui de voir quelqu'un portant des ailes de colombes.
Il se souvint d'un bruit métallique survenu avant le cri qui était parti fort haut dans la gamme, il remarqua alors une chose qu'il n'avait pas encore vu depuis sa rencontre avec cette fille.
En effet, à ses pieds gisait un magnifique cimeterre orné de toute part, et pourvu d'une incroyable finesse.
Celui qui avait forgé ça devait être un maître en la matière car pour créer un tel objet. Il lui fit pensé à l'air, courbe et harmonieux, soufflant tel un fantôme lorsqu'il marche.
Soudain, aux pieds de la créature ailée vint courir un petit rongeur, il n'eut pas le temps de voir ce que c'était exactement que l'animal était reparti dans les fourrées.
Le bout de fromage que tenait cette étrange humaine signifiait sûrement que le rongeur devait être son familier qu’elle arrivait à manipuler difficilement, le petit être étant voué au jeu.
Il ne comprenait pas cela puisqu’il sa chouette restait toujours en place sur son épaule attendant patiemment tout ce qui pouvait se passer.
Amanur la regarda, elle était impassible et semblait nullement effrayée. Il se souvint alors que son familier représentait la sagesse puisqu’elle voyait dans la nuit tel une lumière dans une étendue d’ignorance obscure, tel un phare guidant les bateaux au port sans risque, voilà pourquoi elle ne bougeait pas.
On peut trouver amusant le fait de dire que l’Atalante se posait souvent sur son épaule puisqu’il était un fantôme mais étant en communication spirituelle, elle ne fait qu’un avec son maître et donc pouvait parfaitement ressentir son corps comme si elle était elle-même quelqu’un de son espèce.
Il s’avança alors vers l’être et la salua en s’inclinant :

« Je ne sais pas quel genre de créature vous êtes mais sachez que vous semblez descendre du ciel et que vous me semblez être l’envoyé d’un dieu. Si vous souhaitez savoir qui je suis, je m’appelle Amanur Oyunoz, et je suis un fantôme, je viens de très loin et j’ai fuit mon village pour trouver une meilleure vie autre part, quelque part où je pourrais servir à quelque chose. Voilà la raison pour laquelle je chemine dans ces contrées, peut-être n’avait vous jamais vu de fantôme mais sachez que ce dernier ne sera pas agressif si vous lui semblez sympathique. Il ne servira à rien d’essayer de m’attaquer avec cette arme bénie, elle ne fera que traverser mon corps. »

Après la longue tirade qu’ Amanur venait de faire, il semblait essoufflé et s’assit sur ces propres jambes en inspirant bruyamment. Il baissa sa tête en signe de soumission.

Laerin fût surprise du ton de gentillesse et de pureté que prit le... fantôme. Il paraissait si irréel qu'un être aussi étrange puisse se montrer si doux et accueillant. Laerin avait presque envie de sourire et d'éclater de rire, ne serais-ce que pour se moquer de son cri finalement injustifié. D'ailleurs, il aurait été normal que cela puisse froisser le jeune homme, et la jeune fille se sentie culpabiliser. De plus, il se montra aussi explicatif que pacifique et aimable. Des qualités qui, combinées, formaient un être humain assez fabuleux. Mais la jeune fille eut la désagréable impression de se sentir rougir, par le manque de tact de l'action qu'elle venait de commettre. C'était assez pathétique, surtout que l'objet de sa frayeur était une personne agréable et chaleureuse, pour l'instant. C'est pourquoi l'ange se mit à se mordre la lèvre.

Lorsque le fantôme eut terminé sa prise de parole, il s'assit sur ses jambes et baissa la tête, fixant le sol. Laerin ramassa son arme et la rangea dans son fourreau, espérant que le message "je renonce, de toute façon, je n'ai aucune raison de t'attaquer" passe bien.
Elle s'approcha alors lentement et dit:

-En effet, je crois que je n'ai pas beaucoup de chances de gagner. De toute façon, je manie cette arme très mal, je suis plus à l'aise avec des flèches et un arc ajouta-t-elle en diminuant le son de sa voix.
Pour ce qui est de la race dont je suis issue, c'est celle des anges. Mais sachez que je n'utilise ces ailes que très rarement, je ne sais d'ailleurs même pas d'où elles sont apparues étant donné que mes parents n'en avaient pas… Je suis désolée d'avoir parue effrayée, je n'avais encore jamais vu de fantôme et vous m'avez surprise. Moi non plus je ne suis pas tout à fait normale alors je ferais mieux de ne rien dire dit elle avec un petit sourire qui se voulait "auto-moqueur".

Elle avait peur que cette longue tirade paraisse stupide mais il faut dire qu'Amanur avait placé beaucoup d'informations dans la sienne et, contrairement à la plus part de toutes ses rencontres, et particulièrement à son interlocuteur, Laerin n'était vraiment pas douée pour prendre la parole avec sens et aisance. Namïya, elle était revenue, curieuse, intriguée et sans doute pour piquer le bout de fromage que tenait sa maîtresse dans sa main. Cette dernière n'avait de cesse de regarder le compagnon du fantôme avec suspicion, se demandant ou il avait bien pu trouver un tel être. Mais alors qu'elle réfléchissait aux différentes origines possibles de l'animal, elle senti une nouvelle fois ses omoplates inconfortablement installés, par rapport à ses ailes. Et oui, la jeune fille avait toujours ressenti un malaise dans le dos quand ses ailes étaient déployées ou compressées, c'est pourquoi chaque matin, elle passait des heures à les "ranger". Cela leur valait la plus part du temps deux ou trois plumes mais avait l'incontestable avantage de les dissimuler. Car bien que certains puissent considérer le fait d'avoir des ailes comme un atout, Laerin, elle, a toujours trouvé ça inconfortable. Mais Laerin est une jeune fille à la philosophie étrange. Quoi que, on dit souvent "on n'est jamais heureux avec ce que l'on possède de plus fabuleux aux yeux des autres". C'est sans doute vrai. Et c'est exactement ce que la jeune fille est en train de ressentir. La douleur s'amplifiant de secondes en secondes, l'Aer se mit à remuer les épaules un peu dans tous les sens, tentant d'être discrète. Mais c'était difficile. Elle commença alors à secouer les ailes, éventant légèrement Amanur, laissant de ci de là s'envoler quelques plumes.
-Excuse-moi, mes ailes me font toujours mal murmura-t-elle sur un ton de désolation. Puis elle s'avança de quelques pas, afin de se retrouver dans un espace moins confiné. En effet, si les maux qu'elle subissait en ce moment ne voulaient pas se retirer, c'est parce qu'elle ne pouvait pas agiter ses ailes à sa guise, l'arche et les colonnes la bloquant à droite et à gauche. Lorsque son malaise s'atténua, elle soupira à son tour et dit:

-Je m'appelle Laerin, je suis une Aer. Encore une fois, pardonne-moi d'avoir pris peur… Et de t'avoir servit d'éventail contre ta volonté !