Hallucinations et miracles...

Cela fait maintenant deux jours que Gyn parcourt cette abime vierge, lorsqu'au loin il aperçut un arbre. Gyn pensait s'approcher d'une forêt, pour enfin quitter cette étendue blanche. Sur le dos de son destrier, il dévala le versant immaculé de la montagne. Le soleil était à son zénith et une chaleur lui dévorait le corps sous son armure. Il s'arrêta un moment pour reprendre ces esprits, un genou à terre il prit de la neige au creux de ces mains pour la réchauffer et se désaltérer.
Soudain un grand rideau noir se plaça devant ces yeux, et il se sentit tombé en chute libre, puis il discerna un bruit qui s'amplifiait petit à petit. Un sifflement dans ces oreilles, brusquement il ouvrit les yeux et se retrouva dans les nuages, le sol qui se rapprochait dangereusement. En toute impuissance, Gyn percuta le sol à très grande vitesse et fût réveiller d'un sommeil profond. Gyn tout en sueur, sauta sur ces jambes, le soleil était encore haut dans le ciel et le chemin encore long.

Quel était cette étrange hallucination, se dit-il toujours heurté par cette chute. A telle une moindre signification ?

Galopant, Gyn croyait ne jamais s'approcher de l'arbre et le soleil était toujours au même endroit. Alors Gyn observa les alentours, dans l'espoir d'apercevoir le moindre ennemi. Subitement un cube rouge et noir se forma autour de lui et vit un étrange personnage assit sur une butte près de l'arbre. Gyn tenta tant bien que mal de bouger mais l'étreinte de son ennemi sur lui était bien trop forte. Son adversaire avança vers lui.

_Je veux un combat à la loyal, je vais donc te libérer de cette étreinte. dit l'homme.
_Qui est tu ? demanda Gyn.
_Mon nom t'importe peu, souviens toi bien de mon visage, car c'est le visage de l'homme qui va te tuer.

Alors Gyn dégaina la dague en main droite, lame à l'extérieur, puis, imprudent, sauta sur son adversaire, un coup qui ne fut pas difficile d'éviter et il fût projeter à terre.

_Pourquoi n'utilise tu pas ton épée ? ricana son belligérant.

Gyn retenta un attaque qui lui valu la perte de sa dague et la contre-offensive de son ennemi lui engendra une entaille au bras droit.

_Utilise ton épée, chevalier, rétorqua son adversaire.

Dernier recourt, Gyn défourailla l'épée brisée.

_Attaque moi, Gyn, dit-il.

Puis il courut droit sur son ennemi et avec toute la volonté qui avait, il lança une attaque décisive. Juste avant l'impacte, une goutte d'eau décolla du sol pour venir s'abattre sur sa lame. Soudain des milliers de globules d'eau vinrent se briser sur sa lame. L'épée ainsi reforgé, coupa l'homme en deux parties, qui volèrent en éclats. Gyn planta son épée dans le sol et s'écroula, dans un cercle de terre ou toute humidité avait disparu, dans cette grande plaine blafarde.

Lorsqu'il ouvrit les yeux il aperçut un visage au dessus de lui. Un visage ombragé par les rayons rouges du soleil couchant.

C'était la la première fois depuis plusieurs semaines que Thanundwin quittait la plate-forme Aer. Elle avait mit beaucoup de temps pour se remettre de son combat contre les deux Pyros et sa jambe la gênait encore si elle lui en demandait trop. Toutefois, même si la cité volante était un repère des plus accueillants, elle avait à présent besoin de voyager, l'aventure et la découverte l'appelait irrévocablement.

L'Aer marchait depuis quelques heures dans la plaine recouverte de neige. Elle avait due se cacher sous une fine cape noir pour se protéger de la réverbération des rayons du soleil sur le sol immaculé. Ombre dans la lumière, elle avançait lentement en admirant le paysage d'une splendeur fascinante, ne laissant derrière elle aucune trace de pas. Soudain, tournant son regard vers le sud, elle aperçue au loin un large cercle de terre non recouvert par la blanche toison venue des cieux.
Protégeant ses yeux de sa main droite, elle fixa cette étrange apparition et observa qu'une forme, sans doute humaine, se tenait allongée au milieu. Non loin de là, ce trouvait un étrange arbre. Il trônait seul et feuillu au milieu de cette étendue blanche et froide. Surprise par ces deux visions anodines, l'elfe s'approcha doucement. Arrivée à quelques mètres de l'homme, elle entra prudemment dans le cercle de terre.

Cette sécheresse inexpliquée ne peut être causée que par un Aqua, se dit-elle. Ces lâches qui se cachent au fin fond des océans montrerait-ils parfois leur nez à la terre ferme?

Curieuse de savoir si l'homme était toujours vivant, elle s'approcha à tel point quelle pouvait presque le toucher du doigt. Cependant, elle prit la précaution de jeter l'épée planter en terre à quelques mètres au loin et de fouiller l'inconnu pour le désarmer totalement.

Que faisait donc un Aqua blessé si loin de chez lui? Pourquoi était-il dans cet état alors qu'il n'y avait aucune trace d'ennemis? Sauf, peut-être une légère fumée noire consumant deux morceaux de charogne à quelques mètres de là.

Thanundwin savait qu'attendre le réveil de son futur ennemi était dangereux car sa blessure l'handicaperait lors d'un combat rapproché et que cet homme, d'une carrure impressionnante, devait sans doute être un adversaire de taille. Toutefois, elle avait des réponses à trouver et ce n'était pas la promesse d'une bataille qui allait l'effrayer.

Sortant du cercle de terre, elle s'assit en tailleur dans la neige, fixant l'Aqua du regard. Après quelques minutes d'observation, l'inconnue remua enfin. C'est alors que l'Aer se leva et vint s'accroupir près du corps de l'homme des abysses.

Une fraîcheur parcourue, soudain, son dos se propageant sur tout de son corps juste au moindre poils de ses mains, qui s'irisèrent alors sur sa peau. Anuris vint de se sortir à nouveau des profondeurs de la mort, il serra le poing ramassant un mélange de terre sèche et de cailloux, qu'il braya au creux de sa paume.

Puis un léger filet d'air pénétra dans c'est poumon, ranimant sa carcasse, ses yeux s'ouvrirent et la blanche lumière du soleil, filtré par les nuages environnants, lui éblouirent la vue. Lorsque ses yeux commencèrent à s'habituer, il put enfin découvrir le doux visage de la demoiselle au teint sombre qui le dominait.

Gyn, en position de faiblesse désarmé et encore peu réveillé par sa mort récente, attendait une réaction de cette adversaire.

L'étranger venait d'ouvrir les yeux et restait allongé sur le sol sans dire mot. Ses paupières papillonnaient, cachant par intermittence la brulante lumière solaire à ses doux yeux bleus. Puis, enfin habitué à la lumière, son regard croisa celui de l'elfe. C'est à ce moment qu'une foule d'images vinrent envahir les pensées de l'Aer. Cependant cet homme était étrange, semblant venir d'une autre époque, il ne détenait pourtant que des bribes de son histoire. Ses souvenirs étaient décousus et sans queue ni tête. Si cet homme avait put être comparé à un livre, il aurait été la recopie soignée et neuve d'un vieux grimoire déchiré, brulé et usé par le temps. De l'extérieur il paraissait jeun et athlétique mais de l’intérieur, il semblait aussi vieux que le monde lui même.

De plus en plus intriguée par cet homme, thanundwin demanda d'une voix douce mais sans familiarité:
-Es-tu un des cavaliers de la pluie?

-Un cavalier de la pluie ? Mais de quoi me parlez-vous ? Je suis ni un voleur ni un ridicule cavalier, je suis le seigneur de ce monde ! Anuris Gyn, où suis-je pour que personne ne puisse me reconnaître ? dit-il énervé.

Le visage de cette femme cachait Anuris du soleil mais plongé dans le profond puits de son regard il perçut une étrange sensation comme hypnotisé par cette demoiselle qui progressivement perçait tous les secrets de son esprit.

-Mais que faites-vous ? cria-t-il en repoussant cette créature.

Soudain, Anuris, tenta de se relever, mais dés qui fut sur ses jambes, il rechuta dans la blanche neige, où il prit conscience de sa précédente mort.

"Seigneur", ce seul mot fit à lui seul doubler le rythme cardiaque de l'Aer qui repensait à sa dernière rencontre avec l'un des fondateurs ennemis.
Cet homme étrange pouvait-il être le fondateur du peuple Aqua?
Cependant, il ne semblait pas comprendre sa question. Il était vrai que l'esprit alambiqué de l'elfe et sa manie de parler par métaphore amenaient souvent à des quiproquo mais ici la question était plutôt clair, surtout pour un fondateur.
De plus, cet homme semblait effrayé par la situation. Son geste de recule et la détresse dans son regard lorsqu'elle était entrée dans ses souvenirs trahissaient la panique qui semblait le submerger.
Reprenant son calme, Thanundwin se leva et sorti un de ses poignards. Elle reposa alors sa question:
- Es-tu un Aqua? Vis-tu pour servir la déesse pluie et le dieu océan?

-Pourquoi répondrais-je ? dit-il indigné.
-Et que compte tu faire avec ce poignard ? Me tuer ? déclara-t-il avec un large sourire et un rire diabolique sortant du fond de sa gorge.

Bien que immortel, Anuris ne tenait pas à mourir, encore moins tuer par une femme. Il put enfin se remettre debout et s'élever devant la petite mais agile Aer. Maintenant debout, il vit son épée dans la neige. Les reflets dans son épée étaient perceptible à des miles d'ici.

Il faut que je récupère mon épée pour terrasser cette insecte insignifiant, sans cela elle risque de me tuer, en plus d'être humilier, j'aurais perdu plusieurs jours de voyage.

Alors Anuris tenta le tout pour le tout, et se jeta sur son épée.

Lorsqu'il répondit enfin, toute trace de faiblesse et de pacifisme avait disparu dans son regard. Même si la réponse n'était pas celle qu'elle attendait, son regard confirma son hostilité envers l'Aer qui recula légèrement vers l'épée .
Une fois debout, l'homme était encore plus effrayant. Son armure sombre et gigantesque rajoutait quelque chose de démoniaque au personnage.
Toutefois, Thanundwin ne se laissa pas démonter et sorti discrètement son autre poignard.

Soudain, l'Aqua se jeta sur son épée encore à terre. C'est ainsi que l'elfe remarqua le point faible de l'ennemi. En effet, malgré sa carrure impressionnante, il manquait d'agilité et de vitesse. Maintenant, elle n'avait plus qu'à prier pour que le bras de l'homme, d'une portée sans doute ahurissante une fois armé, ne vienne pas lui faucher un membre.

Lorsqu'il se jeta à terre vers son arme placée derrière l'Aer, cette dernière en profita pour lui envoyer un coup de dague au niveau de la jambe. Malheureusement pour elle, la carapace de métal protégeant le corps de son ennemi fit rebondir l'arme comme une vulgaire fléchette.
Ayant raté sa première attaque, l'elfe recula calmement devant son ennemi qui se relevait, guettant le moindre mouvement brusque.