La où la carte te mène...

Le désert s'étendait désormais devant Soren. Désormais, oui, car il venait de marcher pendant des jours, en ne s'offrant que quelques pauses nocturnes, et encore. Mais rien n'arrête Soren.
Il se situait actuellement à la sortie d'un petit village sec et inhospitalier, à la frontière du pays des pyros et au sommet d'un plateau. Le désert semblait de cendres et non de sable, sombre, brûlé, presque macabre. Soren s'arrêta quelques secondes pour observer cette mer de poussière où quelque chose l'attendait. Le soleil frappait toute vie de ses rayons assommants, et seul un corps habitué pouvait lutter. Fort heureusement, il se trouvait qu'un effrit habitait le jeune homme, et que la température de son corps était naturellement élevée. Flinn, lui, semblait être d'une race indestructible, c'est du moins ce qui aurait pu expliquer sa résistance à toute forme de torture.
Bien sur, à la vue de cet espace qui semblait le prologue de la fin, Soren laissa échapper un soupir. Il extirpa de sa poche la carte que lui avait offert Ignès, regarda vaguement les inscriptions, histoire de, puis hésita encore. Il se savait parfaitement apte à survivre, mais il n'avait pas envie de subir ça tout de suite. Le bord du plateau formait une avancée rocheuse au dessus du désert, dessinant un paysage du même type qu'un canyon, et ombrageant une petite partie de cette vaste étendue de rien. Il s'y assit, laissant ses jambes se balancer au dessus de quelques cinquante mètres de vide. Il ôta ensuite son chapeau, s'en servit comme éventail, et prit Flinn dans ses mains. Le rat secoua ses moustaches et mit ses yeux ronds et sombres dans ceux de son ami. Les deux voyageurs se fixèrent longuement, s'interrogeant mutuellement du regard.
Un ange passa, aucune réponse ne vint mettre un terme à ce dialogue oculaire. Enfin, Soren posa délicatement son animal sur son épaule et se releva. Scrutant l'horizon incroyablement peu avenant, il songea à sa quête personnelle. Puis il sauta sur un autre rocher, puis un autre, et descendit ainsi en quelques secondes, faisant preuve d'une grande agilité. Arrivé en bas, il sentit sous ses bottes le sable noir, mou et instable. Un nouveau soupir s'échappa de sa bouche, puis il se lança. Il se mit en route vers son destin.

- ... Bon, bah j'espère au moins qu'elles sont jolies ses "charmantes demoiselles"...

L'étendue du désert donnait l'impression qu'il était infini et venait souvent à bout de décourager nombreux aventuriers. Heureusement pour eux, les pyros étaient les plus courageux et bravaient souvent le désert pour se rendre jusqu'à la citée volcanique. On pouvait voir au loin, une légère fumée s'échapper de la prochaine dune de sable noir. Évidement, ce signe révélait que le volcan était encore loin, mais il pouvait orienter les gens qui avaient le sens de l'observation.

Bien pour lui, Soren possédait une carte qui allait l'aider à affronter certaines plaies du désert. Sur le papier, un amas venait à se former. Des lignes et des cercles bougeaient de façon tumultueuses. Aux yeux du jeune pyros, ce symbole était clair, il s'agissait d'une importante tempête qui se préparait au loin.

Il n'y allait pas sans dire que Soren était à la recherche de deux autres pyros. Celles-ci se trouveraient surement sur la trajectoire de cette affreuse bourrasque mortelle.

Au sol, deux paires de traces de pas pouvait le mener dans la bonne direction. Il avait rejoint la trajectoire de ces deux filles, ou du moins c'est ce que pouvait laisser interpréter ces cavités.

Soren jeta un rapide coup d'œil à la garde qui s'animait. Visiblement, une tempête l'attendait plus loin, lui laissant espérer un peu d'action. De plus, des traces de pas qui semblaient indiquer deux personnes allaient dans la même direction, et c'était effectivement deux jeunes femmes qu'il se devait de trouver. Satisfait et accessoirement rassuré d'être bien guidé, Soren entama une allure plus rapide. Il parcouru plusieurs centaines de mètres ainsi, songeant successivement à ce mystérieux homme qui lui avait parlé, son frère, ce désert, et aussi à la dose de nourriture qu'il avait emmené.
Le soleil frappait le sol de ses rayons assassins, réanimant les cendres encore incandescentes à certains endroits qui jonchaient le sable noir. Le jeune homme persévérait dans un paysage qui lui permettait de se sentir à l'aise mais qui n'était pas des plus confortables. Il espérait vite trouver ces deux jeunes filles dont on lui avait parlé, soit pour avoir quelqu'un à qui parler, soit juste pour vérifier qu'il ne s'était pas fait avoir.
Il semblait que les traces de pas avançaient devant lui et se dessinaient au fur et à mesure, comme hésitant elles-mêmes quant à la direction à prendre. Malgré tout, Soren était confiant.
Il passa une première colline, où il s'arrêta quelques secondes pour observer le reste du trajet et voir s'il ne pouvait voir aucune silhouette, mais la fumée anthracite qui s'échappait du volcan et le sable qui s'envolait brouillaient sa vue. Il interrogea vite fait Flinn du regard, lui qui voyait tout, mais le rat ne remarqua rien. Le jeune pyro se remit alors en route, sans même ressentir une descente d'espoir, puisqu'il ne connaissait plus ce sentiment. Après plusieurs minutes de marche, il semblait que deux formes se distinguaient du tourbillon cendreux. Il était peut être temps de parler avec quelqu'un d'autre qu'avec un rongeur ou avec un effrit...

Soren pouvait les apercevoir au loin. La tempête avançait vers elles et il savait à quel point la nature était dangereuse...

» La carte du Chomor