D'un battement d'ailes

Il était là, seul et nu dans les bourrasques de vent qui tentaient vainement de le faire ployer, tel un roseau sur la berge d'une rivière.
Car il se tenait droit, droit et fier au bord d'un fleuve, fixant devant lui une Arche, simple porte constituée de colonnes en pierre érodée par les ans et les intempéries. Combien d'années s'étaient écoulées depuis la tragique mort de ses parents?
Aënarion ne s'en souvenait plus. Il avait grandi, il s'était renforcé, il s'était entraîné jusqu'à devenir un combattant digne de croiser le fer avec les meilleurs. Ses deux poignards étaient posés près de lui, sur l'herbe humide, brillant des gouttes d'eau coulant du corps de l'ange déchu.
Aënarion s'était baigné dans le fleuve, malgré l'eau glacée, malgré le courant puissant, malgré l'Arche qui l'attirait inexorablement.
Un contact doux contre la peau de sa jambe lui fit tourner la tête.
Leo, son lion, cambrait le dos, se frottant avec une tendresse étrange pour un lion à son maître. L'ange déchu posa sa main sur la tête du fauve, entremêlant ses doigts dans la crinière fournie du lion, qui poussa un léger ronronnement.
Il semblait dire : "qu'attendons-nous?"
Mais qu'attendait donc Aënarion? Un signe? Une parole?
L'ange ramassa ses armes et alla s'habiller, glissant ensuite les poignards à sa ceinture, laissant dépasser les poignées pour les avoir à portée de main. Il se couvrit ensuite d'un long manteau noir à capuchon.
Le bas était sali par le voyage, couvert de poussière et de boue séchée, devenu brun terreux. Aënarion haussa les épaules et noua autour de son cou une chaîne en argent pur, retenant le manteau, caché par le capuchon replié derrière lui. Seul le pendentif apparaissait, un des fameux crocs de Leo, arraché lors d'un combat contre un démon, et coulé dans l'argent pour qu'Aënarion ne le perde pas.
Lui et son lion étaient liés, comme des amis, comme des frères. Ils avaient combattu ensemble, ils vivaient ensemble, et jamais ils ne se trahiraient.

"Allons-y, Leo. Il est temps..."

Le lion ouvrit la gueule en un rugissement puissant. Il y avait de la détermination dans ce cri, et de la joie sauvage. Aënarion sourit. Il avança d'un pas, s'approchant de l'Arche. D'un bond, il la traverserait, et serait sans doute séparé de son monde d'origine pour toujours.
L'ange étendit ses ailes, en un geste d'adieu. Puis il s'avança et traversa l'Arche, Leo bondissant à sa suite.

La suite du voyage était simple. Aënarion, lorsqu'il ouvrit les yeux, ne vit d'abord rien d'autre que les ténèbres. La nuit était tombée sur le monde, alors que l'ange avait traversé l'Arche de grand matin. Le lion grogna, faisant claquer ses crocs puissants, menaçant l'inconnu de cet endroit mystérieux où ils venaient d'atterrir.
Aënarion s'accroupit à ses côtés, pour le calmer, et balaya le lieu de son regard doré. Un bruit d'eau, derrière lui, indiquait la présence proche d'un petit ruisseau. Devant lui se trouvait l'orée d'une forêt, dont les arbres semblaient jeunes et vigoureux. L'ange déploya ses ailes, puis les replia dans son dos.
Il s'apprêtait à faire ses premiers pas dans un monde inconnu. Il n'avait pas peur.

" Miaou... "

" Necko... Tu me saoules... Va chasser et trouve toi une souris à manger... "

" Miaou... "

" Qu'est-ce qui t'arrive ? Mais qu'est-ce que... "

Erkios releva la tête, une créature ailée se trouvait non loin, avec un lion, pas étonnant que le chat d'Erkios fut agité, se trouver en présence d'un roi félin devait avoir quelque chose d'inquiétant pour ce genre de petite créature...

" Bah... T'inquiète pas, il a pas l'air méchant... "

Il s'avança calmement devant cet être à l'air confiant et assurant, encore un nouvel arrivant au Chomor, décidemment, la population ne cessait de croître sur ces terres étranges, Erkios avait dejà rencontré pas mal de personnes, tous différents, ce monde était déconcertant tant il était amusant, les gens étaient tous différents, les paysages aussi, et cette diversification ne faisait que croître tant les personnes arrivantes avaient des choses à apporter au chomor...

** Et bien, allons saluer comme il se doit notre nouveau camarade... **

Il joignit le geste à la pensée et s'avança calmement vers l'ange déchu, un sourire accueillant sur le visage...

" Eh bien eh bien, Soyez le bien venu dans ce nouveau monde où nos rêves les plus fous peuvent être réalisés... Je me nomme Erkios, enchanté de vous rencontrer... "

Un sourire inexpressif apparut sur le visage de l'ange déchu lorsqu'il sentit la présence d'un autre être vivant, en dehors de lui et de Leo. En réalité, deux êtres vivants s'approchaient.
L'un d'eux semblait humain, bien qu'il ne faille pas se fier aux apparences. Dans son monde, Aënarion avait déjà croisé des démons ayant pris forme humaine pour le piéger. Ici, ce devait être pareil. L'autre était un félin, de loin bien inférieur à Leo en taille, mais là aussi il ne fallait peut-être pas se fier aux apparences.
Les deux inconnus s'approchèrent, sans que l'ange déchu n'esquisse un seul geste pour fuir, ou pour venir à leur rencontre.
Puis des paroles accompagnèrent l'arrivée des inconnues, prononcées par "l'humain". Aënarion inclina la tête en signe de salut, repoussant d'un geste sûr les pans de son manteau avant de sortir la main droite, pliant deux doigts pour les joindre sur son front.
Leo fit claquer ses crocs, d'un geste à la fois menaçant et calme.

"Vous n'avez rien à craindre de mon lion. Il peut paraître sauvage, mais il est doux comme un agneau tant qu'on ne m'attaque pas"

Ces paroles pouvaient tout aussi bien passer pour des menaces, car elles voulaient dire qu'au moindre signe agressif, le fauve n'hésiterait pas à attaquer les deux arrivants. Aënarion continua la discussion et se présenta, laissant paraître un minimum de gentillesse dans l'expression de son visage.

"Je m'appelle Aënarion de Karhain. Enchanté de vous connaître."

Puis il en arriva aux questions, moment dont Erkios se doutait sûrement qu'il allait venir, vu qu'il avait compris qu'Aënarion n'était pas originaire de ce monde-ci. L'ange déchu réfléchit quelques secondes, laissant plâner un silence qu'il brisa ensuite par sa première question.

"Dans quel monde sommes-nous?"

Intéressant, l'être en question ne semblait pas agressif, Erkios se dit que c'était plutôt une bonne chose car les lions étaient des créatures impressionnantes et certainement dangereuse, et son chat n'était pas du genre bagarreur, a moins que ce ne soit contre une souris...

** Hmmm... Bon en gros son animal ne s'en prendra pas à nous à moins qu'on s'attaque à son maître... **

" Et bien me voilà rassuré, et mon chat aussi, je ne pense pas que finir dans l'estomac d'un des rares lions présent ici fasse parti de ses projets... "

Il marqua une courte pause puis ajouta :

" Et bien, vous vous trouvez dans un monde magnifique, où les personnes maîtrisant le feu se font appelés les Pyros, les personnes maîtrisant l'air les Aers, l'eau les Aquas, et la Terre les Sylvas... Et le plus amusant dans tout ça, c'est qu'ils se font la guerre, parce que nos chers fondateurs ne supportent pas de ne pas être les seuls a dominer notre joyeux chomor... C'est génial non ? "

"La guerre?"

Aënarion écouta avec attention les paroles de cet individu en apparence accueillant. Quatre clans, quatre éléments, des fondateurs, une guerre.
L'ange déchu se rappela de sa transformation, lorsqu'il passa d'être de lumière à serviteur des ténèbres. Son explosion de colère avait été suivie de flammes qui avaient léché tout son corps, le recouvrant comme une armure sans le brûler. Il était devenu une sorte de torche humaine.

"Les Pyros..."

Réfléchissant à toute allure, il fut interrompu par Leo qui poussa un rugissement sauvage et puissant. Aënarion baissa les yeux sur son lion. Le fauve le regardait de ses grands yeux dorés, semblables en tous points à ceux de son maître. Il semblait impatient de partir à la découverte de ce nouveau monde qui semblait mystérieux et passionnant.

"C'est génial oui... Et vous, de quel clan faites-vous partie?"

Erkios posa son regard sur le lion, puis sur son maître, quelque chose attirait l'attention d'Erkios, un détail qu'il n'arrivait pas à dicerner, curieux duo qu'ils formaient tout deux... Mais ce qui semblait évident, c'est que la guerre ne semblait pas l'ennuyer, pire, Erkios était prêt à parié que s'ils n'étaient tout deux pas du même clan, il passerait à l'attaque pour se familiariser avec ce nouveau monde, un léger sourire se dessina sur ses lèvres, son chat qui continuait de miauler se calma soudainement, comme s'il sentait un changement dans le comportement de son maître, mais le jeune homme conserva son calme, et décida de répondre sincèrement...

" Et bien... Je suis un adepte du Feu, mais je refuse l'autorité des Pyros... Je suis donc l'ennemi de tous les clans, ce qui je dois dire, est assez amusant, je recrute actuellement du monde pour lever une armée, histoire de réduire la population inutile du Chomor, après tout, une véritable guerre se fait pour des idées, alors plutot que de se battre pour un élément, il faut se battre pour sois-même je pense... "

Il poussa un profond soupir et reprit la parole :

" Hmmm... Je divague, je prends des risques en vous parlant de ça, mais étrangement vous m'inspirez confiance, enfin je dis ça, je dis rien... "

Un étrange sourire apparut sur les lèvres de l'ange déchu. La conversation commencait enfin à être intéressante. Il n'avait pas fallu longtemps pour que les intérêts personnels fassent leur apparition, suivis d'aveux aussi dangereux qu'amusants.

"C'est un point de vue très intéressant..." lâcha Aënarion avec une lueur ironique dans le regard.
"Mais si chacun adoptait cette idée, vous feriez face à des armées bien plus divisées, et tout aussi dangereuses, à des trahisons, voire pire encore..."

L'ange dégaina l'un de ses poignards, avec une rapidité qui avait de quoi en étonner plus d'un. Il tendit la lame devant lui, à une dizaine de centimètres du visage de son interlocuteur. Ce geste n'était pas une menace, bien qu'il en prenne l'apparence. Si Aënarion n'avait voulu, il aurait déjà tenté d'égorger son adversaire, sans prendre la peine de parler pour ne rien dire.

"En suivant votre point de vue, rien ne m'empêcherait de vous tuer, maintenant, juste pour me débarasser d'un rival potentiel lorsque je déciderai de me battre pour obtenir ce que je veux."

Aënarion rangea son arme dans le fourreau prévu à cet effet, puis jeta un long et perçant regard sur Erkios, avant de sourire de nouveau. Il était facile de comprendre que toute cette petite mise en scène l'avait profondément amusé.

"Mon point de vue est de se battre pour soi-même, uniquement si on est fort. Il serait intolérable que des faibles osent lever une armée, juste pour leur bon plaisir."

Une lueur de malice se dessina dans le regard d'Erkios, un sourire presque invisible se dessina sur ses lèvres, il venait de comprendre ce qui le dérangeait chez cet homme, il était fort, c'était inévitable pour dresser un lion, mais il avait conscience de cette force et ne se gênait pas pour l'afficher avec une certaine arrogance...

" Héhé, se battre pour sois-même hein ? Oui... Mais la force brute ne fait pas tout... "

Erkios scruta minutieusement la lame de la dague qu'Aënarion pointait sur lui, et avec une voie d'un calme glacial, il ajouta :

" M'éliminer maintenant pour éviter d'avoir à le faire plus tard n'est-ce pas ? Et pourquoi donc devrions-nous être rivaux ? Je n'aspire qu'a la paix, pourquoi devrais-je craindre d'être trahi ? Les personnes qui me rejoignent ont tout à gagné, car dans mon optique, chacun est libre de choisir avec qui il veut être, de se battre aux côtés de qui il veut... Seule la liberté m'importe, la guerre des clans est caduque, ces gens ne savent même plus pourquoi ils se battent... Quitte à faire la guerre, autant que cela soit pour quelque chose de concret non ? "

Il marqua une courte pause et d'un mouvement aussi vif que l'ange déchu, il dégaina sa rapière, tenant la garde au niveau de son ventre, la pointe vers le ciel, la lame devant le visage...

" Ce monde à besoin d'un nouvel élan, et je serai celui qui apportera un vent nouveau sur le chomor, certains penseront peut être que je n'aspire qu'au pouvoir, mais j'estime que quitte à faire les choses, autant les faire bien, et vu que l'idée vient de moi, il est normal que mon travail soit récompensé... De toute manière, je ne laisserai personne se mettre en travers de ma route, si tout le monde pensait comme moi, il est évident que j'aurai un problème, mais s'ils acceptent de se rallier à moi, nous serons invincible, c'est un pari que je fais, mais je n'ai pas peur de me battre pour mes projets, si un faible pensait comme ça, il se ferait éliminer en un rien de temps... "

Une détermination inébranlable s'afficha alors dans son regard, tandis que son ton commençait à durcir...

" Mais je ne suis pas un faible... "

Force, faiblesse, Erkios ne se posait jamais la question, il se contentait d'avancer et d'agir en conséquence, affrontant chaque obstacle, chaque adversaire, il n'hésitait pas à se battre, il se savait puissant compte tenu du nombre d'ennemis qu'il avait éliminé par le passé, mais il était conscient de ne pas être invincible, tout ce qui lui importait c'était d'avancer, coûte que coûte, en acceptant l'aide des autres si nécessaire, en éliminant ceux qui tentaient de le freiner...

Un frisson assez particulier parcourut les ailes d'Aënarion, lui signifiant qu'il avait face à lui une détermination puissante, doublée d'idées profondes.
Un pâle sourire étira les lèvres de l'ange déchu. Le discours du pyromancien semblait bien beau, mais il n'en était encore qu'au stade du rêve éveillé, et ce n'était pas peu dire.

"Bonne réponse. Tu dois me juger plutôt mal, après mon discours sur la force et la faiblesse. Mais j'ai une certaine expérience de la vie, et je peux t'assurer que rien ne t'aidera autant que cela.
Je ne parle pas seulement de la force physique, mais aussi de la force mentale, de la force de caractère et de la force de volonté. Un bon chef ne plie devant rien, il ne peut s'autoriser aucune pitié face à l'ennemi, sauf si cela lui est profitable. Même si tu désires obtenir la paix, la guerre est inévitable, et tuer l'est aussi."

Il amorça un geste de la main, invitant Erkios à ne pas prendre ses paroles pour des discours maléfiques, ou pire. Baissant le regard, il vit Leo couché à ses pieds, peu intéressé par la discussion qu'il ne comprenait. Mais si il avait pu comprendre, il aurait sans nul doute été d'accord avec son maître.

"As-tu déjà beaucoup de recrues ? Si tu veux lever une armée, il te faudra des alliés compétents et fidèles..."

Une lueur mêlant défi et amusement perça le regard de l'ange déchu. Il jeta un bref coup d'oeil à la rapière d'Erkios, pensant intérieurement qu'il aimerait bien admirer les capacités d'escrimeur de son interlocuteur.
Ses propres doigts le démangeaient d'employer ses poignards. Depuis un petit temps déjà, il n'avait pu s'entraîner au maniement des lames. Il avait préféré employer son temps à découvrir le potentiel de son pouvoir, et maintenant il en connaissait aussi la nature.

Les paroles d'Aënarion semblaient sages, d'où venait-il ? quelles épreuves avait-il traversé pour avoir une si grande expérience de la vie ? Avait-il traversé des guerres, des conflits ? Erkios n'en savait rien, il ne savait qu'une chose, il avait des objectifs et devait les remplir, les conseils que lui donnait l'ange déchu était intéressants, Erkios était conscient de pas mal de choses, mais que quelqu'un lui en parle le confortait dans son idée... Le jeune homme avait également remarqué qu'Aënarion venait de le tutoyer, il jugea donc bon d'en faire de même, pour demeurer sur un pied d'égalité avec lui...

" Je ne te juge pas, bien au contraire, tes paroles son pleines de bon sens et les personnes sensées sont une aide précieuse... Pour répondre, je te dirais que ma détermination est sans égale, et que je serai impitoyable avec mes ennemis comme je le serai avec ceux qui me trahiront... A moins que mon ennemi de décide de se rendre et de me rallier, je le tuerai sans hésiter, comme tu le dis, la paix ne se gagne pas sans guerre, et la guerre ne se gagne pas sans morts... Je n'ai pas peur de tuer, je n'ai pas peur de risquer ma vie bien que je ne souhaite pas mourir, je suis conscient de tout ça... "

Il marqua une courte pause avant de reprendre :

" Et bien, pour être honnête, mon armée ne compte que peux de membres, nous sommes actuellement trois, dont une ange qui ne souhaite pas se battre et un ancien démon qui ne semble m'avoir rejoint que pour tuer le temps, je ne les connais pas encore très bien, mais j'ai vu dans leurs yeux qu'ils ne me trahiraient pas, cela me suffit pour leur accorder ma confiance... Ce qui est sur, c'est que je suis encore loin du compte, je suis encore à la recherche d'une base... Mais bon, les choses se mettent en place peu à peu, pour le moment je ne suis pas pris au sérieux je pense, mais ils verront très vite qu'ils ont tords de ne pas se méfier de moi... "

Cette fois, Aënarion éclata d'un rire si franc, si fort et si étonnant que beaucoup l'auraient cru fous. Il n'y avait pourtant aucune folie dans ses yeux dorés, bien au contraire. Plus la conversation durait, plus le coeur de l'ange déchu s'emballait devant les perspectives nouvelles que lui offrait ce monde.
Il regarda Erkios, son regard étincelant avec une vigueur qu'il n'avait jamais connue.

"Sache que l'opinion que les autres se font de toi peut devenir une arme bien plus dangereuse qu'une armée. Si tu veux un conseil, essaye de préserver l'idée que tu es quelqu'un d'innofensif. Ne montre ton véritable potentiel qu'à des personnes triées sur le volet, crée ton armée dans l'ombre, et rien ne pourra t'arrêter."

Aënarion se détourna, jetant un bref regard à l'horizon, dans l'espoir de découvrir une part de ce monde qui lui tendait les bras. Un sourire illuminait son visage, tandis qu'une faible brise faisait battre les pans de sa cape contre ses jambes protégées par des bottes de cuir. Puis les yeux de l'ange se posèrent de nouveau sur le pyromancien, et d'une voix grave, il répondit :

"Considère-moi comme l'un des membres de ton armée. Tu n'auras pas à craindre la moindre trahison tant que tu ne t'attaqueras pas à moi, à ce en quoi je tiens, et à ce en quoi je crois."

Puis l'ange tendit le bras, la main en avant, paume tournée vers la droite, attendant qu'Erkios la serre... ou la repousse.

Erkios demeura silencieux face au rire de l'homme qui lui faisait face, un rire qui semblait si naturel qu'Erkios ne pu s'empêcher d'en faire autant, leurs deux rires résonnèrent et un inconnu les prendrait sans doute pour deux vieux amis si par hasard il passait par là... Erkios se rendit alors compte qu'il ne riait pas souvent de bon cœur, car ses rires étaient souvent dus à une crise de folie passagère ou a une moquerie de sa part.... Puis ils se calmèrent, et Aënarion reprit la parole...

Erkios l'écouta avec attention, il était vrai qu'il n'avait pas particulièrement pensé à agir dans l'ombre, bien qu'il ne pensait pas non plus à se lancer dans une bataille directe en plein jour, il se rendit simplement compte qu'il ne s'était pas posé la question...

" Et bien... Tu viens de résoudre un problème que je n'avais pas encore soulevé... Agir dans l'ombre... Oh oui... Dans l'ombre... De petites actions éclaires, ça me rappelle une théorie que j'ai lu il y a quelque temps... La Théorie du Chaos... Oui, en se basant dessus, on pourra atteindre notre objectif... "

Aënarion lui tendit alors la main, le visage d'Erkios sembla perplexe un instant, comme s'il évaluait la sincérité de l'ange déchu, puis il comprit qu'il ne plaisantait pas, une personne de valeur souhaitait le rejoindre, non pas qu'Adonis et Loa ne le soient pas eux-mêmes, mais cet Aënarion semblait posséder de grandes connaissances en matière de stratégie, une expérience des combats importante, sans quoi ses paroles n'auraient pas eu autant de sens...

Erkios serra la main d'Aënarion avec vigueur, le fixant droit dans les yeux, comme il avait l'habitude de le faire lorsqu'il serrait la main de quelqu'un, puis il lui répondit :

" C'est avec plaisir que j'accepte ton aide, et je te fais confiance quand tu me dis que tu ne me trahiras pas... Tu peux en retour me faire confiance pour ne pas te trahir... "

Il lâcha la main de celui qui venait de le rejoindre, puis ajouta :

" Hum... Il te faut un rang digne de ta prestance, de tes connaissances en stratégie et de ton expérience au combat... Toute armée a besoin d'un Général, que penserais-tu de ce grade ? "