Au bord de ce lac

Rien. Le néant. Le noir. Remarquez que pour Lucilia ce n'est pas nouveau. Enfin pour une fois le terme d'aveugle la définissait à merveille. Elle ne voyait rien certes, mais elle n'entendait rien, ne sentait rien, ne ressentait rien.

Allongée à même le sol pourtant, ses cheveux orangés ondoient doucement dans l'eau du lac tels de nombreux filets de sang, tandis que sa tête est couchée sur de la terre humide et le reste de son corps sur une mousse fraîche. Fraîcheur d'autant plus ressentie qu'à l'arrière de sa nuque un feu la dévore.

Soudain, une certitude, elle est en vie. Un mal de crâne lancinant l'incite à vouloir utiliser la même méthode que Jupiter il y a bien longtemps pour s'en débarrasser. Une bonne hache.
Doucement d'ailleurs sa main se met à tâtonner. Soudain, le manche de sa serpe atteint le bout de ses doigts. Retour à la réalité. Elle ne se relève pas mais reste fermement accrochée à son arme.

Doucement les autres sens s'éveillent, l'ouïe la première. Un battement d'ailes, un cri animal... un ara. Probablement un ara aux mille couleurs qui se pose à quelques mètres au-dessus d'elle. Elle sait maintenant qu'elle est dominée... Une sculpture, une architecture. Une arche ?
Détails minimal face à ce lieu inconnu et ne se résumant pas qu'à un tas de pierres empilées.

Enfin, le goût du sang provenant de la lèvre inférieure de Lucilia réveille ses dernières perceptions. Le goût et l'odorat reprennent vie, lui offrant par la même le retour de sa 'vue'. L'odeur cuivré du sang mélangé à celle de la mixture préparée par le vieillard la fait reprendre ses esprits et moins d'une seconde après elle est de nouveaux sur ses pieds, dans un tourbillon de cheveux rouges et de gouttes d'eau.

A présent, elle porta son attention autour d'elle, cherchant un quelconque signe de vie. Seul le perroquet la jaugeait du haut de son perchoir. Après s'être assurée qu'il était le seul présent, elle cacha sa longue serpe entre ses ailes et fit une rapide toilette, pour ne pas passer pour une sauvage.

Cela fait, la bouche nettoyée de l'infect goût, Lucilia fit un tour sur elle-même. Bizarrement elle repérait les quatre éléments dans ce lieu. Celui que l'on pourrait croire en majorité, l'eau dont les cascades grondaient par delà le lac, la terre, représentée par la mousse écrasée sous les bottes en cuir de Lucilia, l'air apporté par un vent apparemment sempiternel qui jouait avec les mèches de cheveux désormais sèches de la jeune femme, et enfin le feu, soleil brillant, à son zénith.

Le vieillard avait parlé de la cohabitation des éléments remise en question. Pas ici en tous cas.

L'oiseau, perché sur l'arche qui surplombait tout de même l'ensemble de l'endroit, émit un cri strident avant de disparaître dans un bosquet d'arbres tout à côté du lac. Parée à toutes éventualités, Lucilia se tourna habilement en direction des pas qu'elle entendait à présent. Ce fut comme si elle avait exécuté un pas de danse. Elle n'esquissa cependant aucun geste offensif, ne ressentant aucun danger. Ses ailes repliées dans son dos gardaient son arme prête au cas où.
Elle attendit le nouvel arrivant, le fixant de ses yeux voilés de cataracte.

L'arche, l'endroit où tout a commencé. C'est aussi là qu'il avait envoyé ses nouvelles recrues, aller chercher un nouvel arrivant. Ignès voulait être sûr que tout se déroule bien et par la même occasion, observer les siens, mais il ne les vit pas. Non en effet, une toute autre énergie, une toute autre personne se trouvait sur les lieux. Il se tenu en recul et observa cette nouvelle dame. Un sourire illumina son visage, il venait de voir la flâme en elle.

Ces ailes,... brûlantes,... c'est une autre pyro!

Heureux à l'idée de voir une autre des leurs arriver en ces temps de guerres il s'empressa de sortir de sa cachette, ne se montrant ainsi plus discret.

Le fondateur Pyro n'était pas sans allures, la légère brise soulevait ses cheveux, les fesant aller au gré du vent. L'allure bien découpé, musclé, mais vif, Ignès se détachait des simples mortels. Sa puissance démoniaque avait été ravivée et il la mettait fièrement au service des siens. Il se contenta de sourire à la vue de cette fille. Voulant ainsi lui montrer son meilleur profil et un accueil des plus distingués.

Il s'avanca vers celle-ci et elle remarqua aussitôt sa présence. Sa tête se tourna dans sa direction, sans qu'il ne puisse voir ses yeux. Le fondateur, sage, se douta bien qu'elle puisse ne pas avoir reprit tous ses sens après avoir vécu ce passage dans un autre monde. En soit-il ainsi, il devait maintenant se présenter de manière polie et s'est ce qu'il fit.

-Bonjour chère, vous êtes présentement sur le Chomor d'Ys. Peu importe d'où vous étiez ou d'où vous puissiez venir, laisser-moi vous souhaiter la bienvenue. Nous avons quelques coutumes ici; des clans se font la guerre pour diverses raisons et vous chère, vous êtes ce qui me semble être une fière élue du clan du feu. Et vous jalousez bien d'autres clans.

Il mélangait la convoitise à son introduction, mais c'était typique de son personnage. Ignès avait aussi cette aura envoûtante qu'il dégageait sur tous ceux dont il fesait la rencontre. L'utulisation de ce pouvoir n'était pas prédestiné à l'utilisation de ressources humaines, mais il aimait simplement bien paraître. De plus, étant à la tête d'un clan, Ignès s'était dit qu'il fallait tout de même bien se tenir.

Une aura puissante, dégageant une odeur familière à Lucilia. Une odeur rappelant l'élément qu'elle maîtrisait, du moins un peu, le feu.

Irrésistiblement, Lucilia se sentit attiré par l'homme. Il était certainement plus grand qu'elle, plus musclé aussi, plus beau... Il faisait penser à un commandant plutôt qu'un soldat il devait être ces espèces de chefs de clan dont lui avait parlé le vieillard, mais elle n'arrivait plus à se remémorer un nom.
Il fallait dire que les seuls cours qui intéressaient Lucilia étaient ceux où elle se battait ou alors ceux ou elle avait appris qu'elle avait un pouvoir particulier, qu'il lui fallait développer.

Dans cette aura et cette odeur, la démone sentait son propre pouvoir mais amené à une telle puissance que s'en servir serait vain. Surtout qu'elle ne pouvait décemment pas reculé devant cette attirance envoûtante, l'homme était beau à n'en pas douter.

- Merci.

Elle ne savait pas vraiment quel adjectif elle devait ajouter, quel titre elle se devait de mettre. Il était, et c'était sûr plus élevé qu'elle, que ce soit hiérarchiquement ou par la taille. Elle releva son visage vers lui, tentant de capter un bruit quelconque susceptible de l'aider. Par habitude elle aurait levé les bras et touché les traits de l'homme, discernant ses expressions, ses idées. Mais si Elwyn se laissait faire, c'était grâce à leur rapport très proche. Elle planta ses yeux voilés de cataracte dans ceux de l'homme, brûlant d'intelligence.

- Je me nomme Lucilia Ingi et je viens en effet d'arriver. Vous parliez à l'instant de clan du feu. En seriez-vous le fier chef ? Celui à qui je dois obéir pour faire survivre mon clan ?

Quel charme et quel envoûtement... Difficile dans ses conditions de tenir un discours sans balbutiements, lapsus ou oublis. Souvent, par jeu, Lucilia avait soumis Elwyn à son pouvoir et elle riait sans vergogne de la mine béate de se dernier bien qu'elle ne l'ait maintes fois soupçonné de jouer un peu la comédie.

Ignès ne savait pas si ses envoyés allaient venir ou si ils avait trouvé quelqu'un d'autre. Il n'allait pas pour le moins laisser une nouvelle recrue maintenant qu'il s'était présenté. Celle-ci avait étrangement surpris le fondateur. Elle avait aussitôt reconnu sa position et lui accordait, plus ou moins, dévotion. Elle devait être sage, il pensa.

Bien qu'elle semblait avoir perdu l'un de ses sens, sa perceptibilité n'en était pas affectée. Elle avait également tous ses esprit et elle avait une bonne allocution. Tout laissait croire au jeune Fondateur que cette nouvelle pyro allait être un enjeu de taille dans sa nouvelle armée. Il commençait déjà à réfléchir à l'attribution de ses grades pour son armée.

-C'est,... c'est exact. Pardonnez mon beggaillement, mais il m'a été rarement donné de voir une personne aussi compréhensive et... intelligente?

Ignès fut surpris, jamais il n'aurait espéré une si vite entente. Il n'y avait plus aucune doute, elle était un allié redoutable. Il ne fallait que vérifier sa force, mais son attitude en disait déjà beaucoup et même si la force n'était pas sienne, elle semblait être de ces gens qui n'abandonnerons jamais, coûte que coûte.

-Madame, Igni, oui. Je vous offre de me suivre jusqu'à la cité pyro. J'aimerais bien en apprendre sur vous, le monde d'où vous venez. Cela m'intéresse beaucoup. J'ai cru voir que tout n'existait pas sur le chomor et que les mondes d'origine des nouveaux venus peuvent constituer une grande aide pour la guerre. Ca c'est si vous le souhaitez bien.

Lucilia conserva un visage sans expression malgré les compliments de l'homme. Non pas qu'elle fut insensible mais on lui avait appris que le visage exprimait bien les émotions et les avis; si ce n'était à travers les yeux c'était sur les traits du visage. Ainsi la perte d'un de ses sens avait été retourné en avantage selon le vieillard.

La démone fut tout de même quelque peur prise au dépourvue et ces quelques mots l'incitèrent à avancer encore davantage de l'homme.
* Un démon aussi ?... Cette aura...*
Après tout, dix mètres les séparaient jusqu'à présent, bien plus qu'une distance normale et raisonnable entre deux personnes. Lucilia s'avança donc jusque devant le chef de son clan... Quel était son nom déjà ? Le vieillard n'avait su dire, prétextant des changements de... fondateur! depuis que lui même avait visité le fameux Chomor d'Ys dont avait parlé le démon.

Une fois devant lui, elle acquiesça doucement et reprit la parole qu'une fois sûre de ne pas interrompre un discours plus long. Ainsi, trente secondes après, au moins, elle parla.

- Je préfèrerais Mademoiselle... Et je suppose que vous n'avez pas besoin de ma permission pour me nommer Lucilia.

Elle se remit à le fixer aveuglément et continua.

- Je ne peux que vous suivre. Je serais bien mal de me retourner contre ce qui me semble être un allié. Et si cela vous plairait j'accepterais volontiers de vous conter mon histoire, ou du moins ce qu'il vous intéresserait d'entendre du monde où j'ai grandi.

Cet homme souhaitait en apprendre plus sur elle. Cette idée ne lui déplaisait pas. Elle saurait où s'arrêter pour ne pas révéler trop d'informations. Même si ses sens ne la trompaient pas, elle sentait une dangerosité chez ce démon en même temps qu'un puissant sentiment de sécurité d'être à ses côtés. Elle ne savait par ailleurs justement pas trop quoi penser de cet homme. La trompait-il ou était-il des plus sincère ? Elle espérait que la deuxième interrogation fut la bonne. Un démon pareil valait mieux en ami qu'en ennemi. Il avait de plus un charme envoûtant dans sa voix qui incitait à lui faire confiance.

Ce qui intéressait Ignès était le bagage technologique qu'elle pouvait avoir transporté. Il lui avait été donné de constater certaines avancés avec des gadgets apporté par d'autres personnes. Si il pouvait en apprendre plus sur ceux des membres de son clan, il lui serait alors possible de les utiliser dans cette guerre contre les autres clans. Lucilia était sûrement loin de se douter en quoi elle pouvait bien être utile à son clan. De plus, la plus petit information, quelle qu'elle soit peu s'avérer à être très utile. Une tactique de combat, d'espionnage, d'entraînement... Ou encore des armes technologiquement avancés... Il lui faillait des scientifiques. Et que dire de la magie? Il n'est pas raisonnable de penser que les Fondateurs ne possèdent pas une sagesse assez grande pour développer de nouvelles armes, mais il sont très occupé et vivent dans un monde technologiquement reculé.

-Ce n'était que de la courtoisie.

Il ne bougea pas d'un pouce, ne jugeant pas nécessaire de se rapprocher de sa nouvelle venue. Elle devait par elle-même faire les premier pas dans sa direction, question de gagner sa confiance. Malgré les intentions fourbes de sa personne, Ignès était des plus sincères et ne voulait que la réussite de son clan.

-Donc, oui, mademoiselle, si vous voulez bien commencer. Mais je préfèrerait que vous passiez par dessus votre enfance et tout. Donnez-moi un compte rendu de votre monde, ce qui se passe.

Il leva son poing et le serra. Au même moment se fit entendre un grognement. À en juger par la voix, elle semblait appartenir à une immense créature et c'était bien le cas. Au loin s'éveilla la créature qui avait transporté le fondateur jusqu'à l'arche. Une tête monstrueuse sortit de la cime des arbres. Elle se secoua un moment puis vit son maître. De quelques bonds elle vint se rejoindre à eux.

Il s'agissait d'un magnifique cerbère, un chien de l'enfer. Celui-ci n'était pas à l'image des autres. Il ne possédait qu'une seule tête, mais avait le poil en feu. Sa queue et le bout de ses pattes constituaient de grandes flammes.

L'animal était bien dressé et restait vaillament aux côtés d'Ignès.

Pour sa part, Ignès était curieux de voir si sa nouvelle recrue allait braver le danger. Si elle était prudente ou si elle avait peur. Le cerbère grognait, mais il était possible de deviner qu'il ne voulait aucun mal et que ce n'était que par habitude qu'il agissait ainsi.

Ignès fit un signe de main, bien qu'il sache que Lucilia ne puisse le voir.

-Très bien, venez.

Lucilia acquiesça intérieurement. De toutes façons elle n'aurait rien raconter de son enfance, encore moins d'Elwyn. Elle parlerait vaguement du vieillard qui l'avait élevé. Il était celui qui lui avait tout appris. Ainsi impossible de l'ôter à son discours. Tandis qu'elle réfléchissait aux détails qu'elle ne devait pas oublier, elle perçu un changement chez le démon face à elle. De l'autorité.

Curieuse, elle ne bougea pas et attendit la suite des événements. Un grognement vint se joindre aux grondements des cascades mais ne parvint pas à s'y lier. Ce son semblait un peu déplacé dans un tel lieu ou tout du moins, la bête qui l'émettait. Car, à n'en pas douter, c'était une immense créature qui devait être à l'origine de ce vacarme. Quelques bonds et la bête vint se montrer. Instinctivement, Lucilia fit un bond tout en souplesse vers l'arrière. Ses sens ne la trompaient pas, la bête était dangereuse. Immense, chaude, brûlante et émanant d'elle une puissance déroutante mais retenue par... Le démon. L'immense créature obéissait au doigt et à l'œil de l'homme qui l'avait accueillit.

Lucilia éprouva davantage de respect pour le démon. Elle en était impressionnée et se jura de devenir comme lui ou au moins d'essayer. Comment s'y était-il prit pour dresser cette énorme bête qui lui rappelait vaguement le Cerbère des Enfers, celui qui protège le Royaume des Morts ? La démone n'en revenait pas, d'après le vieillard il ne s'agissait que d'un mythe et pourtant... Elle en avait la preuve sous les yeux.

Elle fut arrachée à ses pensées par les paroles de l'homme. Elle le suivit donc rapidement, prudente tout de même, et rassurée de sentir sa serpe dans son dos. Pourtant, elle était certaine qu'elle n'entaillerait jamais l'énorme créature même avec une force plus puissante que la sienne. Elle détestait être dos au danger et la créature qui marchait paresseusement derrière eux était un danger. Aussi Lucilia gardait tous ses sens en éveil, prenant garde à la moindre information.
Elle se tenait à un peu plus d'un mètre de l'homme, en sécurité donc mais effrayée tout au fond d'elle-même par la gigantesque bête. S'il le voulait, d'un geste l'homme pouvait la faire disparaître. Après quelques secondes, elle prit la parole pour évoquer l'animal.

- Comment vous y êtes-vous pris pour dresser une telle créature ? Je croyais qu'elle n'existait que dans ces histoires que l'on dit mythiques.

Ses yeux auraient brûlés d'excitation et de curiosité s'ils avaient été visibles. Mais l'intonation de sa voix ne pouvait laisser indifférent. Sa voix flûtée n'exprimait que trop bien cette envie d'en apprendre plus. Mais elle se souvint de la requête formulée auparavant par le démon.

- Excusez-moi. Après tout cela ne me regarde pas. Vous vouliez des détails sur le monde d'où je viens, je ne me tiendrais qu'à cela.

Elle attendit une éventuelle réponse avant de se lancer dans un discours qui risquait d'être long.

Ignès, bien qu'il puisse paraitre autoritaire, n'avait aucune mauvaise intention. D'ailleurs il nota qu'ils avaient déjà entamés le pas vers la citée volcanique. Aussi, la voix de sa recrue avait prit un autre ton et elle désirait en savoir plus sur la grand et formidable bête.

Le fondateur ne pouvait s'en empêcher, non pas par vantardise, mais car elle avait bien le droit de savoir. Il désirait que Lucilia se sente à son aise et alors il commença à décrire son approche de la bête.

-Et bien, être fondateur a ses avantages. Je me cherchais une monture et je suis allé faire un tour dans les ténèbres. Les profondeurs du volcan habite plusieurs créatures, à des niveau très inférieur se trouve des cerbères. Celui qui garde la porte des enfers possède trois têtes, non pas comme celui-ci. J'ai rencontré la bête et nous en sommes convenu d'un accord mutuel. Chez les chien, c'est le chef de la meute, le plus fort, qui mène. Je n'ai pas eu à démontrer aucune violence, ce chien m'a suivit depuis et il m'obéit. J'ai créé des portes magiques que j'ai scellés en sortant de cette abysse, car elle contient nombreuses créatures dangereuses si laissés en libertés. Comme elles sont dans le territoire pyro, je ne voulais pas de victimes du clan. Je les ouvriraient peut-être un jour, qui sait?

Ignès regarda à nouveau la recrue, il n'avait pas décrit le cerbère. À cette pensée il fit un petit sourire. Il s'approcha d'elle et passa sa main sur ses yeux.

-Pour ce qui en est, vois par toi même

Le fondateur avait fait cadeau d'un chose merveilleuse. Il avait temporairement donné l'habilitée à Lucilia de voir. Non pas n'importe quelle type de vue, une vision thermique qui pouvait, dans ce cas, s'avérer très utile. Comme la bête dégageait beaucoup de chaleur, et ce à des endroits diférent, il lui était possible d'avoir une image plus ou moins précise de ce qu'elle avait l'air.

Et quels avantages en effet ! Lucilia était tout à fait impressionnée par le fondateur à ses côtés. Par ailleurs, elle se demandait pourquoi c'était lui qui l'accueillait. Ne pouvait-il pas se départir de pareilles tâches pour des plus importantes ? Il possédait sûrement quelques personnes de confiance qu'il pouvait envoyer pour chercher de nouvelles recrues. Lucilia prit soin de ne pas révéler le fond de sa pensée. Le fondateur en personne était avec elle, elle ne s'en plaindrait certainement pas.

Ainsi donc il s'agissait en effet d'un cerbère. Un énorme chien à, ici, seulement une tête apparemment. Le vieillard en savait donc bien peu sur le Chomor, mais peut-être n'était-il pas 'Pyro' mais d'un autre clan et il connaissait les autres bestioles dont il avait parlé à la démone.

Assimilant ce que lui disait le fondateur pour comprendre à quoi ressemblait le monstre derrière eux, il passa une main directement sur ses yeux. Par habitude, elle se serait énervée contre la personne qui avait osé mais ce qu'elle découvrit lui fit dissoudre toutes colères.
Lucilia se rendit compte qu'elle devait inscrire une sorte d'émerveillement et de surprise son visage. Elle reprit contenance et se servit du 'don' fait par le fondateur. Une vision thermique.

Ainsi en se tournant, elle observa rapidement la fondateur dont la chaleur semblait vouloir s'échapper. Mais le choc fut énorme lorsqu'elle se trouva face à la bête. Elle ravala un hoquet de peur. Il était plus près d'eux qu'elle ne le croyait. Sa queue et le bout de ses pattes étaient faites de longues flammes brûlantes et dansantes. Un geste trop brusque et les démons ne seraient plus, ou du moins Lucilia car le fondateur devait posséder une protection.

Elle fit un pas en arrière. Autant pour mettre un peu de distance entre le danger et elle que pour ne plus avoir à se dévisser le cou pour examiner la bête. La vision thermique lui donnait aussi un aperçu du monde. Aussi bientôt le monstre n'eut plus le même intérêt. Pas très loin de Lucilia, sur les branches d'un arbre se trouvait un perroquet qui la fixait. Le même que celui qu'elle avait vu à son arrivée ? Bref, elle se tourna et se retourna dans tous les sens, appréciant de voir pour une fois le monde alentour. Elle regretta de ne pas avoir eut cette vision dans d'autres circonstances et bientôt elle se souvint de où elle était, et surtout avec qui.

- M...Merci pour ça.

Elle lui en était reconnaissante, mieux encore, elle avait l'impression de lui devoir quelque chose. Elle obéirait à cet homme quoi qu'il dise et fasse. Elle lui devait un respect proche de la vénération.

- Comment s'est possible ? Elle déglutit, soudainement avide. Pourrais-je apprendre une telle technique ?

Non pas pour s'en servir tout le temps, quoi que l'idée fut tentante. Mais au moins quelques fois. L'or des combats notamment elle risquerait moins sa peau, voire plus du tout étant donné son habileté à se débrouiller sans la vue.

Mais tout d'un coup elle s'effondra par terre. Un tas d'images défilaient dans sa tête. Les images qu'elle venait de voir du monde et du monstre. Elle n'avait jamais vu ça et les vertiges ne la lâchèrent pas. Elle ne lutta pas contre les ténèbres qui l'envahirent pour la soulager.

Ignès referma son poing et la magie disparue. Il était plus sage d'en faire ainsi, car exposer une nouvelle personne à des pouvoirs trop grand pouvait avoir ses conséquences. Ne voulant pas perdre une personne, il lui retira ce qu'il lui avait donné voilà un instant.

-Tu pourras acquérir ce type de vision plus tard, lorsque tu auras développé tes propres pouvoirs. Je peux te donner la vue, mais comme ton corps n'a pas encore expérimenté ce genre de chose, tu risques d'être très déboussollé. Rien ne sert de forcer les choses.

Il était très vrai que dans un avenir proche, les combattants allaient pouvoir acquérir de nouveaux pouvoirs, autre que par les missions. Ignès avait contacté l'oracle de feu récemment et avait apprit que la construction de l'arène Belgium était en cours. Il ne savait sincèrement pas ce qu'elle allait donné, mais il commencait à enticiper sa venue.

Sa main se déploya et s'abaisa au niveau de Lucilia. Ignès la lui tendait pour l'aider à se relever. Une fois cette chose faite, l'énorme chien se couche à son tour sur le sol pour permettre à la jeune fille de prendre place. Étrangement, bien que ses pattes et sa queue soit de flames, elles ne représentaient aucun danger pour les membres du clan pyro. Ce feu était sans chaleur car, la bête pouvait en décider ainsi.

Une fois bien installé, Ignès pourra à son tour embarquer sur le cerbère et rammener Lucilia à la citée tout en lui fesant découvrir une petite partie du Chomor.

Quoiqu'il arrive, il était bien décidé à l'écouter et n'attendait que son histoire.

Tant pis pour cette vision. Elle lui aurait été un avantage certain mais si son corps ne le supporterait pas, elle ferait sans. 20 ans qu'elle faisait sans la vue, et elle vivrait encore longtemps sans l'avoir.

Doucement elle reprit ses esprits. Comment le savait-elle dans cette brouillard noir qui l'entourait ? Son ouïe qui lui indiquait un souffle, lent et apaisant, le souffle du fondateur qui devait attendre. Chose plus étrange encore, elle était sur le cerbère. Elle ne sentait aucune chaleur mais savait pertinemment que sa peau n'était pas en contact avec le sol.
En quelques étirements elle s'assit correctement et se tourna doucement vers le fondateur. Il s'agissait d'éviter un second vertige.

Lorsqu'elle le repéra, elle inspira longuement avant de commencer un long discours.

- Un vieillard m'a tout appris. S'il y a une quelconque incohérence j'en suis bien inconsciente.
Donc dans le monde d'où je viens, ma 'magie' est chose peu commune. Certaines prophéties parlent d'élus ou encore d'héritiers. Les gens comme moi vivent donc en reclus. Personnellement j'ai été rejeté et on m'a appris l'auto-défense, l'art de la discrétion et de l'agilité, à la manière des assassins royaux de l'ancien temps. D'après ce que l'on m'a dit nous sommes formés pour servir. Apparemment c'est dans ce but que je me retrouve ici. Pour servir... mais à qui ou à quoi on ne nous l'apprend pas.

Elle haussa négligemment les épaules. Bizarrement cela ne l'inquiétait pas. Consciente que son discours était finalement bien maigre, elle montra le chemin devant elle.

- Je ne sais si nous sommes loin du lieu que tentons de rejoindre mais si vous avez la moindre question, n'hésitez pas. Je ne sais ce que vous voudriez connaître d'un monde comme le mien.

A vrai dire il était banal, rien de plus pour elle. Elle leva la tête lorsque les nuages laissèrent le soleil se montrer. Que c'était bon de sentir cette chaleur.

La majestique bête se mit à bouger. Quelques instant plus tard, les deux pyros voyageaient à dos de cerbère qui les emmenaient à la citée. Les secousses auraient pu les projetter à terre, mais Ignès avait prévu le coup. Il avait assit Lucilia en avant de lui et comme il tenait la crinière enflâmée en guise de guidon, la jeune dame se trouvait alors en sécurité. Les élans, bien que puissant, relevaient la grâce de la créature magique.

Ignès écoutait attentivement Lucilia et donc, lorsqu'elle lui demanda si son énoncé avait rencontré ses désirs il lui répondit:

-Hmmm, c'est bien surprenant et étrange que vous me parliez qu'il existe d,autre personnes comme vous. Vous vouyez, pour une raison ou pour un autre, l'arche agit ici comme portail pour trasiger les nouveaux arrivant. La seule chose est que je ne sais pas si c'est l'arche qui décide de vous faire venir ici ou si c'est le fruit du destin. Si il existe bel et bien d'autres personnes comme vous sur votre monde, peut-être les verrons-nous ici tôt ou tard?

Il prit un légé moment de réflection.

-Ce sont seulements des êtres issus de pouvoirs, des adeptes si vous voulez. Ce sont les seuls à pouvoir franchir l'arche. Chacun de ces adeptes appartient à un clan et a un pouvoir. J'ai entendu parlé de gens qui acquièrent leur pouvoir à l'arche... Qui en décide ainsi? Je ne le sais pas. Peut-être est-ce des dons qui somnollaient en eux? Mais bon, ce qui m'intéresse de votre monde c'est...

Il se tu un instant.

-Nous voilà rendu. Normalement cela prend plus de temps, mais lorsque vous voyagez en si haute compagnie, c'est tout normal. Donc, ce qui m'intéresse c'est la technologie de votre monde. Le Chomor avait, il y a longtemps, un âge, une ère de technologie qui était fulgurante, mais aujourd'hui, ce que nous possèdons ne sont que les ruines de ce que les anciens ont construit jadis.

Le cerbère s'immobilisa, puis s'assied pour permettre aux passagers de débarquer.

C'est ce que le fondateur fit. Il tendit sa main à la dame pour l'aider à faire de même.