"Bienvenue au Chomor, mon abîme..."

-Bonjour, Lune.

Abigëal détourna le regard de l’astre blafard, et posa un instant ses yeux de feu sur les étroites colonnades qui se profilaient au-devant d’elle.
Un bref alizé caressa les cheveux ténèbres de la jeune fille, qui sourit, dénudant ses dents acérées. Elle arrivait.
Droite et fière, elle se tenait debout sur cette barque de bois –ébène à en juger la couleur- qui la conduisait à présent à la Grande Arche.
De toutes les histoires qu’elle avait entendues, Abi’ n’avait pourtant pas eu connaissance de ce lieu qui pourtant était la porte d’entrée sur le Chomor ; Lieu qu’elle appréhendait de pénétrer.
Pour se rassurer, elle embrasa la paume de sa main, et se rassit tranquillement sur les bancs de l’embarcation. Les flammes crépitèrent, répandant leur son apaisant dans les alentours. Qu’il était agréable de sentir cette chaleur protectrice, qu’il était bon de posséder, d’être, de respirer et de jaillir cet élément !
Avec un léger soupir en éteignant sa main, Abigëal se redressa, et constata qu’elle était bientôt arrivée.
Elle pouvait en effet parfaitement distinguer les fines gravures sur les colonnades, écrites dans des signes cabalistiques qu’elle ne comprenait pas ; pas grave. Se saisissant de la perche, la jeune Pyro s’en servit pour tester le fond de l’eau. Hmmm.. trois nœuds, pas plus. C’était parfait. Elle pourrait continuer de son propre chef. Mais pas tout de suite. Déjà, parce qu’elle n’aimait pas l’eau, d’autrepart parce qu’elle n’avait pas envie de se fouler alors que le petit bateau jouait les taxis.

Ricanant doucement, l’adolescente se rassit noblement au fond de la barque, et observa les environs en attendant de débarquer. La substance aqueuse était parfaitement claire, et l’on pouvait distinguer dans les profondeurs des racines gargantuesques d’arbres probablement centenaires. C’était un spectacle étonnant.
Plus loin, à niveau du regard, elle apercevait une légère cataracte, d’où partait un lent murmure.
Que d’eau dans tout ça.. Il manquait quand même un peu de flammes dans le décor. Bof, pas grave.
D’un geste empreint de sauvagerie, Abigëal sauta cependant que la rive approchait. Elle atterrit sur le sable fin, et sa peau hâlée fut bientôt recouverte d’une légère pellicule. Soupirant, elle prit la résolution d’aller se laver dans le lac. Vite fait, hein.

Une fois que cela fut fait, la Pyro remit ses vêtements de toile, et alla se percher sur une excroissance rocheuse qui donnait sur la grande Arche. C’était un endroit sympa, tout de même. Elle s’y plairait.
Son premier objectif serait de rencontrer le fondateur Pyro. Peu importait comment. Mais il le fallait absolument. La cité était-elle loin ? Elle espérait le contraire, mais était prête à traverser jusqu’à tout le Chomor pour se retrouver dans son élément. Le feu la brûlait, il demandait sans cesse à sortir, à embraser l’air...
Ca pourrait devenir dangereux.

Mais pas maintenant… A plat ventre, Abigëal leva la main gauche, et s’amusa à incendier les herbes alentour de son index embrasé. Cette bonne odeur de vie mourante...

-Bienvenue au Chomor, mon abîme...

Plongée dans son œuvre de destruction,elle ne fit plus attention à ce qui se passait autour d’elle.
Si, peut-être ce léger murmure de la chute qui remplissait le vide.

» [Terminer] Atterri au milieu de "nul part"