Le début d'une nouvelle ère

[Dans les sous bois]

Un bruit à réveiller les morts s'élevait dans la forêt. Il provenait d'une petite bande de dix individus qui visiblement étaient ravis d'être encore en vie. Seuls deux d'entre eux étaient plus sérieux. Grigàn Indoril, chef de la compagnie des Loup Gris, et Kayran Karyaan son second, et accessoirement éclaireur de l'équipe. Grigàn l'humain, et Kayran le demi-elfe, discutaient calmement.

"Je ne comprends pas pourquoi tu veux partir Kayran. Qu'as-tu en tête ?"

"Ça m'embête de vous quitter Grigàn. Mais tu connais mon passé. Tu sais aussi que je me dois de venger mon clan, et tu sais que je dois en savoir plus sur ce pouvoir."

Les guerriers se regardèrent un moment. En effet, Kayran était magicien, ça leur avait sauvé la mise une fois ou deux d'ailleurs. Et ils savaient tous que les magiciens rejoignaient d'office les rangs des divers peuples élémentaires qui se livraient des guerres sans merci. Le chef de la compagnie poussa un soupir résigné.

"Bien. Puisque tu le dois, tu pourras partir demain matin."

[A la grande arche]

Le lendemain matin, Kayran quitta ses frères et sœurs d'armes à regret. Pendant deux années, ils avaient été sa seule famille. Mais il devait comprendre certaines choses et seuls ceux qui, comme lui, avaient un pouvoir pourraient l'aider. Il se dirigea avec Hermès, son faucon pèlerin, perché sur son épaule, vers la grande arche.

Les gens murmuraient que personne n'en revenait vivant et que l'endroit était maudit. Mais il en fallait plus que ça pour impressionner l'ex mercenaire.

Il arriva bientôt en vue de la grande arche. L'oiseau préféra s'envoler mû par un instinct primaire. Instinct que le demi-elfe comprit. Ils n'étaient pas seuls ici.

"L'endroit n'est peut-être pas maudit, mais il y a du monde....

Il agita sèchement ses poignets pour faire sortir les griffes d'acier qu'il portait aux mains de leur gaine de cuir. Mieux valait être prudent si l'on voulait vivre longtemps.

Ellios tentait désespérément de faire naitre un feux afin de se réchauffer. La nuit était déjà tombée et la noirceur se faisait plus dense. Quelques gouttes descendaient doucement du ciel et tombait sur ses joues.

-Grahh si j'étais un dragon j'aurais vite fait d'allumer un gros feu...

La pluie effleurait le feuillage des arbres créant une douce mélodie dans la forêt. Ellios reprenait de peine et de misère ses deux bouts de branches qu'il frottait rudement l'une contre l'autre.

-Ca ne marche...

Il fut interrompu ou plutôt il se tue. Quelque chose, quelqu'un se tenait maintenant là, non loin devant lui. Un grand homme musclé avait immergé de la Grande Arche. Si le petit Sylva désirait la quiétude des lieux, il avait mal choisit son endroit pour faire son feu.

Étrangement, il ne ressentait pas ce lien qui unissait tous les Sylvas, il en déduit donc qu'il s'agissait d'un membre de l'un des autres clans sur le Chomor. Un souvenir lui rappela un conseil prodigué par l'un des sages anciens: ne pas faire confiance aux autres clans.

Ce fesant, Ellios plissa des yeux et regarda l'étranger de travers, comme s'il n'était pas le bienvenu. Et puis il se rendit vite compte qu'il avait arrêté de partir son feu. Le choix fut difficile, mais il préféra ignorer l'homme et se remettre à la tâche.

-Beuh! Tu es chanceux toi!

Un éclair déchira le ciel à ce moment.

Il y avait deux choses dans la vie qui agaçaient profondément le demi-elfe. Les pots de colle, et se retrouver en territoire inconnu avec une impression d'insécurité.

Présentement, c'était la deuxième option qui lui tapait sur les nerfs. Il leva le nez vers le ciel. Il menaçait de pleuvoir. Il monta donc sa tente en grommelant. Il allait encore passer une nuit sans dormir. Du moins tant qu'il n'aurait pas identifié la présence qu'il ressentait et déterminé si c'était un ami ou pas.

Si c'était un ennemi, il devrait en prime s'en débarrasser. Il entendit un éclair et se réfugia sous la tente. Assis à l'entrée à l'abri de la pluie, il se félicita intérieurement d'être un demi-elfe. Les elfes avaient pour réputation d'avoir une excellente vue et il avait hérité de ces sens développés. Il vit une faible lumière s'élever. Probablement causée par un feu. Il ne put s'empêcher d'avoir un sourire sardonique sur le visage.

Là on y voit plus clair. Espérons qu'ils ne soient pas nombreux sinon je vais en baver. Quoi qu'avec la pluie, espérons qu'ils n'aient pas pensé à abriter leur feu ça douchera leur enthousiasme. murmura-t-il.

Il y avait donc bel et bien quelqu'un. Le tout était de savoir qui. Et sous la pluie, il ne préférait pas tenter d'infiltrer un camp éventuel car sa mobilité serait ralentie par la boue. Il décida donc de monter la garde en mâchonnant un morceau de viande séchée. Tôt ou tard, il faudrait bien que les campeurs bougent, et ils se feraient repérer.

La pluie était lourde et Eilios n'avait toujours pas réussit à allumer proprement son feu. Ses nombreux essais furent tous des échecs, sa colère grandissait au fur et à mesure que le temps avançait. La noirceur qui s'accumulait n'avait rien de bon. Le jeune elfe commença à greloter, il remarqua que l'autre personne ne s'était pas encore approché de lui et ne lui avait pas adressé la parole. Il se demandait encore combien de temps il allait pouvoir tenir avant que...

*BrAhg*

Un autre éclair déchira le ciel à ce moment, projetant l'elfe à quelques mètres derrière lui. Non loin d'où il se trouvait, un petit feu avait commencé à naitre au milieu des gouttes. La foudre avait frappé au bon endroit, toutefois, cela ne laissa pas notre jeune ami intacte, plusieurs traces de brûlures et de la peau égratignée en témoignaient.

-Arg zut zut et re...

Eilios vit la fumée se dégager des brindilles et enflammer le bois.

-Roh!

Il se remit debout sans trop de difficultés et saisit un bout de bois qu'il brandit comme une torche. Munit de lumière et de quoi le réassurer, il s'approcha de l'endroit où logeait l'homme.

Et moi qui me prend une douche froide! Toi non plus tu n'auras pas de repos pensa-t-il.

Il s'avança vers la tente dans l'intention de brûler celle-ci.

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